dimanche 1 janvier 2017

Éloge du rien


J’ai reçu cette nuit la plus belle lettre du monde. 
Elle contient un extrait d'un chapitre du livre* de Serge Bouchard intitulé Éloge de la platitude. J’en ai tiré la citation suivante qui convient si bien à ce premier jour de l’année. Et je n’ai pu m’empêcher de copier l’extrait au complet. Merci, précieuse amie !


Le moindre petit détail 
est apprécié à sa juste valeur, 
nul ne manque rien de rien 
quand le rien est son pain quotidien. 


Serge Bouchard 
anthropologue et écrivain québécois 
né en 1947

«Qui s’installe dans la tranquillité de son ennui et l’accepte volontiers comme un état souhaitable se place dans l’enviable position d’avoir à jouir de tout. Le moindre sera remarqué. Cela s’appelle l’essentiel. Celui ou celle qui cultive l’essentiel verra qu’il est plus facile de s’émouvoir quand notre sensibilité est entraînée dans le sens du plat de la routine. De la visite rare est toujours plus précieuse qu’un va-et-vient continu de fêtards. Le moindre petit détail est apprécié à sa juste valeur, nul ne manque rien de rien quand le rien est son pain quotidien.
Bref, nous traitons injustement l’ennui. Ne rien faire, n’avoir rien à faire, n’aller chez personne et n’attendre la visite de personne, autant de choses honnies, détestées sans que nous sachions vraiment pourquoi. Nous vivons dans un monde si excité que plus personne ne sait pourquoi il danse et après quoi il court. Je soutiens au contraire qu’il est heureux celui qui peut se permettre d’arrêter. Il faut du temps pour soi. Car ce qu’on appelle des creux, ce sont en réalité des calmes. Le calme plat a bien des avantages sous-estimés. Il permet le saint repos. Quand le navire de votre vie s’arrête sans que les voiles aient été baissées, sans que l’ancre ait été jetée, c’est que vous êtes arrivé en quelque havre inattendu, un havre de paix. Plutôt que de craindre l’ennui comme la peste bubonique, nous devrions faire honneur à ces calmes plats, à la platitude des heures bénies où il nous est enfin permis de respirer à l’aise. Le cœur a ses routines, nos poumons aussi. Respirer à l’aise veut dire respirer profondément et régulièrement. C’est toujours dans la tranquillité que l’on réalise le véritable vœu de la rencontre avec soi-même, la conversation tant recherchée de soi avec son âme.»

C’était au temps des mammouths laineux, Montréal, Boréal, coll. «Boréal Compact», 2013.

3 commentaires:

  1. Tu as raison, c'est une magnifique lettre!

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    1. Bonjour Nancy,
      Oui, notre amie a choisi un extrait qui s’applique parfaitement à son mode de vie.
      Pour cette année qui commence, elle nous invite à mettre la lenteur et la réflexion en pratique dans nos propres existences.

      Merci d’être passée par ici, je nous souhaite à toutes deux une année qui nous donne du temps!
      R.

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  2. Oh oui, du temps pour apprécier la vie... Merci!

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